Bonjour à vous tous,
Je me présente officiellement, Mélanie Charest, conseillère d’orientation, « orienteure », « orienteuse », « orientateuse » ou « orientatrice ». Je vous mets au défi de trouver le vrai terme.
Lorsque je parle un peu de mon emploi, je finis souvent par dire à la toute fin : « J’aime ma job ! ». J’aime réellement mon métier. D’ailleurs, je suis toujours surprise lorsque je le dis, car je n’aurais jamais pensé faire cela de ma vie. En fait, les détours ont caractérisés mon parcours professionnel, alors qu'avant même de partir, j'avais l'assurance qu'il serait d'une droiture exemplaire et qu'il m'amènerait vers un seul et même but: les communications et les médias.
Essoufflée d'avoir tenté du mieux que je pouvais d’atteindre cet objectif ultime, je suis arrivée sans emploi et complètement perdue dans un Carrefour Jeunesse Emploi de Québec. C’est là que j’ai participé à un atelier de 5 jours d’orientation où on m'a fait passer tous les tests possibles. On m'a aussi parlé du marché du travail et du monde scolaire. Au bout de ce processus, j’étais incapable de choisir une profession. La conseillère d’orientation m’a alors dit : «Si tu n’arrives pas à faire de choix, c’est qu’il y a autre chose». J’avais détesté cette phrase parce que je la savais vraie. Je savais que j'avais toujours un vieux rêve en tête qui m'empêchait d'avancer. Je n’aurais jamais pensé souhaiter autre chose que de travailler derrière un micro.
J’aborde ce sujet car j’ai croisé beaucoup de gens qui veulent suivre leur rêve, mais qui réalisent qu’ils doivent en faire leur deuil pour diverses raisons. Il n’y a rien de plus beau et grisant que de suivre ses rêves. Je ne regretterai jamais d’avoir suivi le mien. Toutefois, je me suis rendue compte qu’il y avait un décalage entre la réalité et ce rêve (où tout était plus beau, plus gros et plus merveilleux dans ma tête). Cela m’a pris plusieurs années avant d’accepter de voir autre chose, de vouloir autre chose et de passer à autre chose. Je me suis accrochée. Le fait d’avoir pris de nombreuses années à faire le deuil de ce projet a fait en sorte que je ne laissais pas de place à ce qui aurait pu arriver dans ma vie. Malgré la phrase d'impact de ma conseillère et malgré cette « autre chose », je me suis forcée de choisir en regardant mon profil (intérêts, valeurs, personnalité, besoins, etc.) et en tentant de faire un lien avec une liste de professions. J’ai finalement choisi: j’allais devenir conseillère d'orientation.
Après avoir passé plusieurs années à butiner de fleur en fleur pour tenter de trouver ma place, aller au bout de ce projet était le seul contrat que je m'étais donné. Cependant, le fait de choisir ne m’a pas enlevé cette « autre chose » de la tête. Le souhait qu’un miracle se produise pour me ramener en communication m’a suivie pendant mes longues et pénibles années universitaires. J’étais ailleurs. Je ne me suis pas impliquée. J'ai fait le stricte minimum. Je ne comprenais pas pourquoi j’avais choisi cette avenue. Je requestionnais constamment mon choix jusqu’à qu’à la toute fin de ma maîtrise. C’est au bout de toutes mes ressources personnelles, énergétiques et financières que j’ai finalement trouvé un stage qui m’a permis de me sentir complètement à ma place. Je cherchais à animer. J'animais. Je cherchais à conseiller. Je conseillais. Je cherchais à former. Je formais. Tout était beaucoup plus naturel pour moi. Tout était beaucoup plus "moi" que mon rêve de départ.
Plus je pratique mon métier et plus je me rends compte que le rêve est important mais que la réalité l’est tout autant. Le rêve se doit d’être confronté à la réalité. Il est important de tout faire ce qui est possible en nous pour réaliser ses projets si petits ou grands soient-ils . Au moment où nous croyons avoir tout essayé, il faut avoir le courage de se dire: «J'accepte de m'ouvrir à autre chose, même si pour moi, rien n'est clair en ce moment». Mettre de côté l’inaccessible en s’accrochant à l’espoir que le miracle vienne nous frapper met en attente le moment où d’autres portes s’ouvriront. Je ne soupçonnais pas que toutes ces années où j’avais la tête ailleurs à vouloir vivre de ma passion pour les communications, je vivais et j’apprenais les bases qui m’ont amenées à pratiquer le plus beau métier du monde. Mon seul petit regret : ne pas avoir assez profité de ces moments où je construisais ces fondations.
Je me présente donc officiellement. Je m’appelle Mélanie Charest. Je suis conseillère d’orientation et je pratique le plus beau métier du monde.
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